Que la vie à Poudlard était assommante et maussade depuis l’arrivée de Cordélia Dolohov. Cette vieille harpie avait encore récemment ajouté deux décrets à son stupide règlement. Comme si le couvre-feu à 19h, l’interdiction d’avoir un petit délai pour les devoirs à rendre, la prohibition des démonstrations publiques d’affection, et les autres mesures intransigeantes ne suffisaient pas, la vieille chouette en avait remis une couche, s’octroyant entre autre le droit d’envoyer les élèves qu’elle souhaitait en retenues… A vrai dire le décret qui effrayait le plus le jeune sorcier était le numéro 8 « Les mauvaises notes d’un élève entraîneront l’arrêt immédiat de toute activité extrascolaire. » Ludo redoutait plus que tout cette mesure, craignant qu’on lui interdise le quidditch, qu’on censure ainsi ses talents sur un balai. Et si on l’empêchait de voler et de faire de quidditch, comment les sélectionneurs des grandes équipes professionnelles allaient-ils le repérer ? Car arrivé à ce stade de ses études, Ludo avait une idée bien précise de ce qu’il souhaitait pour son avenir : une carrière dans le quidditch.

La crainte d’être privé de son sport favori était la motivation principale qui l’avait conduit ici, par cette rude après midi d’hiver. Un courant d’air froid s’engouffra dans la grande bibliothèque alors qu’il poussait la porte de ce lieu qu’il avait bien peu fréquenté depuis le début de sa scolarité. Le retournement de situation, entrainé par les récents évènements avait eu raison de son flegme légendaire : il allait devoir réviser, étudier, bachoter, potasser, remonter ses notes, jouer au parfait petit serdaigle en somme… Et rien qu'à cette idée, cela l'épuisait d’avance. Peut être qu’Otto pourrait l’aider, son frère au sérieux et à l’assiduité aussi prononcés qu’étaient la désinvolture et l’insouciance de son cadet ? C’est avec un entrain bien modéré et une motivation fragile que le sorcier pénétra donc dans la bibliothèque. Se dirigeant machinalement vers les étagères du rayon sortilèges, il s’empara d’un petit ouvrage dont la taille lui parut raisonnable et tenta de se convaincre de le feuilleter intégralement durant l’heure qui suivrait.

Heureusement pour sa bonne humeur, que la perceptive d’une telle lecture effondrait, son regard croisa bien vite un minois familier. Les longs cheveux blonds de la ravissante Rita Skeeter tombaient devant ses yeux, cachant partiellement les traits réguliers et fins de son visage plongé dans la contemplation d’un épais classeur, objet dont elle ne semblait jamais se séparer bien longtemps. Un sourire éclaira le visage du sorcier alors qu’il observait la concentration de son amie, installée sur l’un des bureaux de la grande pièce. Son manuel de sortilèges sous le bras, il s’approcha de l’endroit où elle s’était placée. Dès qu’elle réalisa l’intrusion de Ludovic dans son espace personnel, la sorcière s’arracha à sa lecture, refermant brusquement le classeur, avant même que le jeune homme n’ait pu en apercevoir le contenu. L’exaspération qu’il lut dans son regard, lorsque les yeux bleus de la sorcière se posèrent sur lui, ne fit qu’élargir davantage son sourire. N’attendant nullement qu’elle l’invite à s’asseoir, il s’installa sur la chaise adjacente à la sienne, et posa son manuel devant lui.

Rita Skeeter. L’étudiante de Poudlard qu’il irritait le plus. La jeune femme semblait complètement insensible à ses sourires charmeurs et son humour n’avait jamais pris sur elle. Le seul effet qu’il semblait provoquer en elle, c’était l’agacement. Loin de décourager le joueur de quidditch, toute cette animosité à son égard, qu’il percevait très bien, attisait au contraire son intérêt pour la petite blonde. Après tout Ludovic était un joueur et Rita constituait à elle seule un véritable défi.

« Salut Rita. » fit-il en s’asseyant sans se dépeindre de son sourire amusé. « Ce tombe bien que tu te trouves là en fait. J’avais justement prévu de potasser mon manuel de sortilèges. Je crois que tu as décroché un E à ton dernier parchemin non ? Peut être qu’en associant ton savoir au mien, on pourrait réussir à décrocher un O pour le prochain devoir… Qui sait, ensemble on pourrait faire des étincelles.» proposa-t-il d'un suave et non dépourvu de sous entendus, conscient que ses paroles risquaient d'exacerber encore plus son interlocutrice.

Le château ne résonnait pas encore des cris des plus jeunes lorsque Rita décida de passer le petit déjeuner pour s'installer à la Bibliothèque. Elle devait se remettre à jour, les quelques devoirs qu'elle n'avait pas encore fini s'entassaient au fond de son sac. Elle avait pris la bonne résolution, poussée par Arabella d'aller travailler le matin, pour éviter d'écourter ses nuits, faute de travail. La saleté de petite peste lui avait fait clairement comprendre qu'elle ressemblait à un zombie à force de passer ses nuits à s'écorcher les yeux sur ses parchemins. Des valises sous les yeux, c'était exactement le terme qu'elle avait employé. Évidemment, si quelqu'un d'autre avait essayé de lui faire cette remarque, Rita aurait tout fait pour qu'il s'en morde les doigts. Elle aurait fait courir les pires rumeurs à son compte et l'aurait rabaissé du mieux qu'elle pouvait, c'est à dire extrêmement bien. Mais Arabella était sa petite soeur, son digne successeur alors elle prenait ses conseils au sérieux. Et puis, elle ne voulait pas ressembler à un troll, tout de même. Alors elle avait décidé d'éviter le petit déjeuner et de rester le plus longtemps parmi les bouquins, pour rattraper le retard qu'elle avait amassé.

Elle était depuis quelques heures à la bibliothèque et son estomac commençait sérieusement à faire du bruit. Mais elle avait avancé, deux de ses quatre parchemins étaient enfin terminés. Elle avait lu des dizaines de livres sur les runes et sur les techniques de journalisme moldu. La sorcière en était arrivé au point que lorsque l'on était animagi, la vie était plus simple. On passait inaperçu, on obtenait des scoops inconnus et lors de missions dangereux personne ne remarquerait un animal. Elle prit la décision d'essayer de devenir animagi. Elle décida d'arrêter un peu de se ruiner la vue et les doigts et consulter son classeur. Le travail de toute une vie, rempli de potins et immondicités en tout genre, c'était son bébé. Comme Poudlard pour Albus Dumbeldore.

« Salut Rita. » La jeune poufsouffle referma violemment le classeur à l'entente de la voix. Ludovic Verpey lui avait extrêmement peur, elle ne l'avait pas entendu venir. Et elle détestait ne pas maitriser la situation, le classeur était son jardin secret et elle détestait que l'on y jette un coup d'oeil. Avant qu'elle ait pu dire quoi que ce soit. « Ça tombe bien que tu te trouves là en fait. J’avais justement prévu de potasser mon manuel de sortilèges. Je crois que tu as décroché un E à ton dernier parchemin non ? Peut être qu’en associant ton savoir au mien, on pourrait réussir à décrocher un O pour le prochain devoir… Qui sait, ensemble on pourrait faire des étincelles.» Elle pouffait intérieurement, aujourd'hui il y aurait surement des étincelles, mais pas celles qu'il espérait. « Tiens, Verpey.». Dédaigneuse, comme à chaque fois qu'il lui parlait. Elle ne savait plus pourquoi elle était comme ça, Ludo la faisait rire avant. Mais, il était bien trop présent, partout, enfin c'est ce dont Rita essayait de se persuader. Elle essayait de se dire qu'elle ne pouvait pas le voir en peinture parce qu'elle le voyait trop souvent. Mais la jeune fille savait pertinemment que c'était plus profond et qu'elle n'acceptait pas qu'il soit pareil avec elle comme avec toutes les filles qu'il croisait.

« On sait tous les deux que ton cerveau ferait ralentir la cadence du mien. » Elle avait dit ça avec un sourire ironique, mais le blond en face d'elle en avait vu beaucoup plus de sa part pour s'affoler ou même pour se vexer. Sa bonne humeur écœurante -pour la jeune fille- était toujours au rendez-vous. Assis en face d'elle, il la fixait avec un sourire joyeux. Par Merlin, tout aurait été plus simple pour Rita s'il n'avait pas ce sourire charmeur. Mais c'était son meilleur allié et ami, il ne s'en séparait jamais. Alors Rita aller faire avec, c'était une sorcière conciliante quand elle le voulait. La meilleure défense était l'attaque, et cette technique la poufsouffle l'utilisait depuis plusieurs années face à Ludovic Verpey. Et ce n'était pas aujourd'hui qu'elle allait hisser le drapeau blanc. « Mais c'est evident, que faire des étincelles, c'est bien la seule chose que tu sais faire de ta baguette. » Elle rangea le gros classeur rouge dans son sac en toile défraichi. Et sortit son parchemin où elle devait rédiger plus de 100 centimètres sur la communications des elfes de maisons. PARFAIT, comment allait-elle faire pour ne pas preter attention à Ludovic Verpey avec un sujet pareil ? Merlin, comme la vie était injuste.

Spoiler:

Enerver Rita Skeeter, faire naitre des éclairs dans ses iris bleus, pousser au summum l’exaspération que sa simple présence provoquait en elle… Voilà le jeu préféré de Ludo Verpey. Et la partie venait de commencer.

« Tiens, Verpey.» Après avoir refermé avec empressement son gros classeur, Rita releva la tête vers l’intrus qui venait de l’interrompre. Le regard de l’étudiante en journalisme le traversa, dur et froid. Et c’est avec une voix remplie de dédain, comme si il n’avait été qu’un répugnant veracrasse gluant, qu’elle s’adressa à lui, un petit sourire ironique aux lèvres : « On sait tous les deux que ton cerveau ferait ralentir la cadence du mien. » D’un geste, il posa sa main sur le côté gauche de son thorax, feignant un instant d’avoir été touché en plein cœur par sa remarque moqueuse. « Aoutch, pourquoi tant d’animosité à mon égard ? » demanda Ludo avant d’afficher de nouveau son éternel sourire. En réalité, il était amusé plus que vexé par les paroles de son interlocutrice. De toute façon, il avait l’habitude de ce genre de piques. Rita et Ludo, cela n’avait jamais été un long fleuve tranquille. Leur relation avait toujours été plus ou moins compliquée. Selon lui, Rita s’agaçait d’un rien. Selon elle, Ludo ne s’arrêtait jamais. Rita, nerveuse et irritable. Ludo, envahissant et insupportable. Une paire bien mal assortie en somme. Pourtant, ils avaient eu leurs bons moments… Mais ces derniers temps, il avait le sentiment qu’elle arrivait au comble de son exaspération à chaque fois qu’ils se rencontraient. « Mais c'est évident, que faire des étincelles, c'est bien la seule chose que tu sais faire de ta baguette. » Attaque numéro deux. Rita s’était décidément levée du pied gauche. Elle plaça son classeur dans son sac avant d’en sortir un parchemin, visiblement bien décidée à ignorer royalement la présence de Ludovic. Seulement voilà, il n’était pas du genre à se laisser envoyer sur les roses de la sorte sans agir. L’œil alerte du garçon s’attarda un instant sur le précieux objet qu’elle venait de ranger et son sourire s’élargit. « Oh mais détrompe toi, regarde un peu ce qu’elle sait faire ma baguette. Accio Classeur ! » D’un geste rapide, il prononça le sortilège d’attraction tout en pointant sa baguette sur le sac de la sorcière. Le lourd et épais registre mystérieux dont la sorcière ne se séparait jamais se mit à léviter et vola jusque dans les mains de Ludo, qui se mit à rire devant l’expression de Rita.

« Bon alors voilà les faits. Tu sais que ma devise a toujours été –le travail c’est sacré, donc je n’y touche pas- seulement voilà, avec Dolohov et ses fichus décrets, je n’ai plus trop le choix. Je dois revoir mes positions. Je ne peux pas prendre le risque qu’on m’interdise le quidditch. Tu as vu combien j’étais bon sur un balai, ça serait un véritable crime contre l’humanité de m’empêcher de jouer… Priver le monde du quidditch de mon talent… Frustrer mes fidèles et loyaux admirateurs… » Sentant qu’il s’égarait, risquant d’agacer davantage Rita et craignant de perdre son attention, il resserra quelque peu son emprise sur le classeur qu’il venait de lui dérober à coup d’accio. Il continua : « Du coup, j’allais te proposer un petit marché sympathique. Quelque chose d’honnête du genre : tu m’aides pour les sortilèges. Et puis moi de mon côté je te donne un coup de pouce en botanique, histoire de t’éviter un troll au prochain devoir. J’ai remarqué que c’était pas ton truc les végétaux, alors que pour moi m’occuper de belles plantes c’est inné. » se vanta-t-il en adressant à la sorcière un petit clin d’œil avant de poursuivre. « Enfin, puisque tu n’es pas intéressée et que mon cerveau n’est apparemment pas à la hauteur du tien, je vais devoir occuper mon heure de révision à autre chose. Une chance que tu me prêtes ton gros classeur, ça promet d’être une lecture très instructive. » Et avec un grand sourire, il entreprit d’ouvrir le fameux registre.