« EXCUSE-MOI ! NON MAIS JE REVE LA ! » Odieuse fille. Odieuse individu. Pourriture. Fausse blonde. En plus, c’est vrai, je suis sûr que c’est vraiment une fausse blonde. « NON, WENDY, NON. TON VERNIS DES PIEDS NE VA PAS DU TOUT AVEC TA TETE ET TON TEINT ! » Et c’est le même que le mien en plus. Non mais oh. Elle croit quoi, celle-là, qu’elle peut égaler la perfection incarnée (c’est-à-dire moi) en portant le même vernis à ongles ? RIDICULE. JE suis PARFAITE et UNIQUE. Ce qu’elle n’a pas comprit. « Tu sais que j’ai raisooooon ! Je ne veux pas me disputer avec toi, mais ce ne sera pas possible tant que tu n’enlèveras pas ce vernis de tes ongles ma chérie ! Je ne peux pas être amie avec une fille qui a mauvais goût, enfin ! » Fausse blondasse. Notez que je fais des efforts pour lui expliquer qu’elle ne sera jamais moi. Je suis tellement bonne. Oh oui. Je lève les yeux au ciel, exagérément. Pour lui faire comprendre ô combien elle est ridicule. Et quand je les repose sur cette odieuse élève, je vois derrière elle un type. Doux jésus. Mon cœur s’emballe. Mes jambes en trembleraient presque. C’est que je suis trop jeune et jolie pour mourir dans un couloir pourri comme ça moi. Evan Rosier. Il fait un pas. Dans ma direction. Enfin je crois. Doux jésus. Je vais mourir assassinée ici. Et tout le monde se suicidera, vu que tout le monde sera vachement triste. Je ne peux pas laisser ceci se passer. « Jetelaissejedoisyallerj’aigenrepleindetrucsàfaire. » Et je détale. Notez l’amélioration : pour une fois, je n’ai pas crié à vous en faire exploser les tympans. Les gens me regardent courir dans les couloirs. Ebahis par tant de beauté et de grâce, bien entendu ! Car, oui, même effrayée et en pleine action (en train de courir hein, ne vous imaginez rien d’autres ! ) je reste incroyablement jolie. Je suis sûre que j’ai des gênes de vélane dans mon sang. Oui, ceci expliquerait pourquoi tant de gens se retournent sur mon passage. Pourquoi je suis magnifique et parfaite. Je cours, je cours. Sauf qu’à force de courir, j’arrive je-ne-sais-où. Dans un couloir super sombre où je suis seule, vous voyez. Je suis perdue. Doux jésus. Il faut me comprendre aussi ! Dieu que cet endroit est grand ! Tant de pièces ! Tant d’escaliers ! Comment une blonde comme moi peut s’en sortir sans une carte ? Haha. En fait, je ne sais pas lire les cartes non plus. Conclusion : je ne dois jamais me trouver seule. Je me remets à courir. Même si le Rosier n’est plus derrière moi. On ne sait jamais qu’il soit discret.


Au final, je sors je ne sais pas comment du bâtiment. Je lève les yeux, rejette l’une de mes sublimes mèches blondes avec ma main, un peu essoufflée. Oui. Je pourrais faire des publicités pour du shampoing, tellement je répète ce geste dans ma vie. Je le ferais. Je suis prédestinée à devenir mannequin, de toute façon. Ou scientifique. Enfin, quelque chose de brillant. Comme moi. On est parfaite ou on ne l’est pas, et dieu merci, je le suis. Ce sont les atomes Baisley qui veulent ça. Ou les molécules. A moins qu’on ne parle de gênes ? Je sais plus. Je réfléchis trop en fait. C’en est douloureux pour mon malheureux cerveau. Bref. J’aperçois une silhouette, vers le saule croqueur. D’ailleurs, je n’ai jamais compris pourquoi on appelle ce malheureux arbre un saule croqueur ! Depuis quand ça croque, un arbre ? Jamais, oui, oui. Jamais. C’est ce que je dis. Ces gens sont stupides. Je devrais leur faire bénéficier de mon intelligence un peu plus souvent. Enfin, il faut leur pardonner : on ne peut pas être aussi parfaite que moi. Je ne le dirais jamais assez. Soit, je disais donc : une silhouette. Un homme. Un élève. Chester ! Parfait. D’autant plus que ça fait longtemps (à mes yeux, en tout cas) que je ne l’ai pas vu. Un sourire se trace sur mes lèvres. Arrivée derrière lui, je pose mes deux mains délicatement sur ses yeux. « Si tu devines qui c’est, t’auras le droit à une récompense. » que je murmure à son oreille, lascivement. Et ne voyez-là aucun sous-entendu. Ce ne sont que des paroles innocentes. Je vous le jure. Quoi que ! J’éclate de rire. Oh que oui, je préfère largement être avec Chester qu’avec ce .. hm. Rosier. C’est bien plus amusant. Et avouons-le, Chester est beaucoup moins effrayant que l’autre, et plus attirant aussi.

Chester Altmann n'était pas fait pour vivre en hiver. Il avait besoin de chaleur, de soleil, de vacances et de filles en petites tenues. L'hiver c'était la mort... Elles avaient toutes des pulls affreux, des bonnets qui leur couvrent les yeux, des écharpes qui cachent leur décolleté, des chaussettes anti-sexe et le nez tout rouge à cause du froid. Vous l'aurez compris, l'hiver était donc une période particulièrement frustrante pour le jeune Gryffondor. Le blond avait alors trouvé deux principales solutions pour combler cette abominable frustration. La première était de se plonger corps et âme dans ses études, chose pour laquelle il était plutôt doué et qui ne le dérangeait pas. Cela lui permettait d'occuper totalement son esprit et satisfaisait au moins son besoin d'être le meilleur dans un domaine, car Monsieur ne supportait pas d'être battu. Et la seconde était légèrement plus stupide et dangereuse... Elle consistait à explorer le château, se lancer des défis idiots et repousser au maximum ses limites. Cela avait pour but de lui procurer une bonne dose d'adrénaline qui l'aidait à calmer ses ardeurs. Chester jonglait donc entre ces deux extrêmes et pouvait être un jour un étudiant modèle et le lendemain quelqu'un de totalement irréfléchi et téméraire.

Il trouvait en règle générale des compagnons d’infortune pour l’accompagner dans ses délires mais ce jour-ci personne n’avait l’air de vouloir pointer le bout de son nez dehors. Il faut dire que même si la neige avait commencé à fondre, les températures restaient bien basses et il y avait toujours ce petit vent glacial qui persistait. Oui mais voilà ! Chester avait un plan pour aujourd’hui et ce n’était pas la solitude qui allait le faire changer d’avis. D’autant plus qu’il avait déjà passé les deux soirées précédentes à travailler comme un forcené sur une étude sur les balais et il avait besoin de se défouler. Comme le terrain de Quidditch était déjà occupé, il avait décidé de faire un tour vers le saule cogneur. Pourquoi avait-il choisi cette destination saugrenue ? Et bien pour faire du sport. Vous vous posez des questions là, n’est ce pas ? Chester prenait grand soin de son corps, même s’il avait peut l’occasion de le montrer en hiver à son plus grand dam, il n’abandonnait pas ses entraînements pour autant. Une idée avait récemment germé dans son esprit et bien que je ne sois pas personnellement persuadé que ce fut la meilleure qu'il ait eut, il décida tout de même de la mettre à exécution. Il allait provoquer le saule cogneur et tenter de rester à proximité tout en évitant les coups de branches, cela allait lui faire un parfait entraînement sportif tout en lui apportant un peu d'adrénaline.

Le jeune homme s'était donc préparé et s'était rendu devant le saule cogneur. Il s'était arrêté pour tenter d'imaginer les mouvements que l'arbre fou pourrait produire et ainsi prévoir ses esquives. On n'aurait pas dit comme ça, mais Chester apportait une très grande importance à la stratégie, quelque soit le domaine. Il s'apprêtait à provoquer le saule cogneur lorsqu'il sentit une présence derrière lui. Il n'eut pas le temps de se retourner que deux mains lui cachèrent la vue et qu'une jeune fille murmura à son oreille.

JACKIE ▬ Si tu devines qui c’est, t’auras le droit à une récompense.

Il connaissait cette voix et il la reconnue d'ailleurs très rapidement. Il faut dire que cette demoiselle n'était pas n'importe qui, c'était Jackie Baisley qui était, il faut l'avouer, une bombe sexuelle. Cela n'avait bien sûr pas échappé au regard du Gryffondor qui avait fait de la belle blonde sa proie du moment... Enfin une de ses proies du moment je veux dire. La situation n'était pourtant pas toujours simple avec elle car Jackie semblait s'amuser à jouer avec les nerfs de Chester en s'intéressant à lui puis en le snobant la seconde d'après. Mais cette fois-ci c'est la bonne, se dit Chester. Tant pis pour l'entraînement, Jackie était bien plus intéressante.

CHESTER ▬ Et c'est quoi cette récompense... Jackie ?

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