CHAPITRE UN : Ludo, 3320g 50cm

« C’est un garçon ! » annonça la voix enjouée de la sage femme alors que le cri du nouveau-né résonnait dans la pièce. « Un garçon… » répéta d’abord Mme Verpey, abasourdie, avec une pointe de déception. Un deuxième garçon… 9 mois d’attente, de prises de kilos inévitables, de vergetures zébrant la peau étirée de son ventre, de nausées quotidiennes, de jambes gonflées d’oedèmes, de remontées gastriques insupportables, 8heures de douleurs intenses, de contractions intolérables lui déchirant les entrailles, d’examens désagréables et pénibles, puis finalement un horrible quart d’heure d’efforts expulsifs harassants avec cette impression affligeante que ses parties intimes allaient être entièrement déchirées, tous ces désagréments, tout ce temps, toutes ces épreuves pour ce résultat : un deuxième garçon. « Vous êtes sûre ? » demanda t-elle à la soignante qui s’activait entre ses jambes. « Regardez par vous même » répondit-elle. Souriante, la sage femme montra l’enfant qui hurlait à plein poumons à sa mère avant de lui poser sur le ventre. Toute la déception que Mme Verpey avait pu accumuler sembla s’envoler en un instant, dès que ses yeux se posèrent sur le visage d’angelot de son fils. La descente rapide dans son bassin n’avait pas déformé son petit crâne et sa tête était parfaitement ronde. Ses joues rebondies prouvaient qu’il avait bien profité dans le ventre de sa maman. « Et comment va s’appeler ce petit bonhomme ? » « Ludovic » répondit la parturiente sans hésiter, comme si ce prénom était une évidence. Ses cris de calmèrent au moment où la femme le posa contre la peau douce et chaude de sa mère, il fronça un instant son petit nez tout en clignant des yeux, ébloui par la lumière du scialytique au dessus d’eux, le changeant quelque peu de la douce obscurité rassurante de ces neuf derniers mois. Un sourire attendri éclaira le visage de l’accouchée alors qu’elle dévorait l’adorable chérubin des yeux : dès cet instant elle sut qu’elle aimerait son fils plus que sa vie et que l’enfant pourrait tout obtenir d’elle.

« Maman, Otta veut pas me prêter son balai… » se lamenta le petit Ludovic d’une voix plaintive à sa mère. La sorcière leva les yeux au ciel. S’activant dans la cuisine, son conjoint et elle recevaient ce soir, elle avait autre chose à faire que de gérer les querelles de ses garçons. Elle baissa la tête vers Ludo, son petit prince, et le petit garçon lui offrit son regard le plus attendrissant, une lueur de malice dans les yeux. Il savait déjà comment attendrir et charmer sa mère, un vrai petit diablotin doté d’un visage d’ange. La femme finit par céder: « Très bien j’arrive. » Elle retira son tablier, quittant un instant la cuisine où pourtant elle avait tant à faire, pour se rendre dans la chambre des enfants. « Otto, sois mignon et partage avec ton frère ton mini balai. » fit-elle d’un ton autoritaire. « Mais il risque de l’abîmer… » Répliqua le garçon. « Mais non. Ludo, tu promets de faire attention pas vrai ? » demanda sa mère au petit dernier qui acquiesça d’un hochement de tête, un grand sourire aux lèvres. Son aîné sembla se résoudre, convaincu et charmé lui aussi par la bouille d’angelot de son cadet. « Bon c’est réglé, allez jouer dans le jardin, et surtout soyez sages car maman a beaucoup à faire. On reçoit des amis sorciers de votre papa ce soir. Je veux que tout soit parfait ». Et la sorcière retourna aux fourneaux. La réception la stressait d’avance. Elle n’était qu’un être humain après tout, une moldue comme l'appelaient son mari et les gens appartenant à son monde. Dès qu'il amenait des amis comme lui, la jeune mère de famille se mettait la pression, voulant absolument faire bonne impression et rendre son mari fier. Ils vivaient tous les quatre dans une petite maison douillette et coquette de Eastbourne, une ville charmante située sur la côte anglaise. Elle avait rencontré Mr Verpey jeune et était tout de suite tombée sous son charme. Son sourire séducteur, son regard profond et intense, sa voix rieuse, son humour frais, sa carrure imposante, son physique si parfait… Il n’avait eu aucune difficulté à la conquérir et à la glisser dans son lit. Il lui révéla rapidement sa nature de sorcier et elle prit très bien la chose. C’était une jeune femme ouverte et elle avait toujours voulu croire en la magie. Avoir un petit ami sorcier était comme un rêve devenu réalité. Bizarrement, ils avaient du oublier de lui donner des cours d’éducation sexuelle dans son école de sorcier parce que le garçon s’affranchit très vite de se servir d’un préservatif. Et paf, la magie opéra et elle se retrouva enceinte. Les fiançailles et le mariage furent organisés de manière précipitée mais finalement le résultat quelques années après était là : elle était mariée avec un homme charmant et avait une merveilleuse petite famille… Ses deux garçons avaient hérité de la magie de leur père et il n’était pas peu fier de ses deux petits bonhommes. Elle ne l’avouait jamais, mais parfois, elle se sentait mise de côté… Les dîners qu’il organisait où il conviait certains amis sorciers étaient toujours une sorte d’épreuve pour sa femme. Elle n’arrivait pas à suivre les conversations, ne saisissait même pas le sens de tous les mots que les sorciers employaient entre eux, ressentant une profonde frustration. Une fois, elle avait même capté un échange de regard suspect entre son mari et l’une des invitées… Elle enfourna le plat où un énorme coq attendait de cuire puis elle s’approcha de la fenêtre, poussant le rideau de sa main droite pour jeter un œil à ses deux garçons : Ludo sur le mini balai flottait à quelques centimètres du sol et volait avec une aisance et une facilité impressionnantes. Son grand frère, la montre en main, le chronométrait. Ludo, déjà très joueur à l’époque, avait proposé de faire des paris sur celui qui ferait le meilleur temps… La maison tout entière était protégée de la vue des voisins par un sortilège que son mari avait lancé. Un sourire amusé apparut sur le visage de leur mère alors qu’elle les observait rire et s’amuser. La sonnerie de la cuisinière l’arracha à sa contemplation : le céleri était cuit, il fallait qu’elle retourne à ses casseroles…

Sa grosse valise chargée à bloc, la cage de son hibou grand duc, cadeau de ses parents pour sa première rentrée à Poudlard, le baiser que sa mère déposa sur son front avant de le regarder s’éloigner au côté de son père et de son frère. Un portoloin plus tard et Londres se dessinait devant lui. Le quai neuf trois quart, la foule qui s’y pressait, le sourire fier de son père, la pluie de conseils avisés de son grand frère, le regard exaspéré que lui lança la petite Rita, une fillette que son père venait de lui présenter, lorsqu'il entra dans le compartiment du train dans lequel elle s’était installée, le trajet dans le Poudlard express à la taquiner, la saveur des délicieuses chocogrenouilles, l’arrivée au château, la grande salle grouillante où résonnaient les rires des étudiants ravis de se retrouver après la pause de l’été, la cérémonie de répartition, la chanson du choixpeaux magique et le moment où Ludo posa le vieux morceau de tissu sur sa petite tête, le festin qui suivit, la majesté et la splendeur du plafond resplendissant… C’est fou comme certains moments vous marquent, Ludo n’oubliera probablement jamais cette première journée à Poudlard.
Il fut très vite dans son élément au collège des sorciers. Ludo était devenu un adolescent charmant : grand, athlétique, souriant, il se fit très vite de nombreux amis. Sa bonne humeur, son entrain et sa jovialité firent de lui la coqueluche des filles, d’autant plus qu’il montra rapidement des prédispositions pour le quidditch. Il décrocha d’ailleurs le poste de batteur dès qu’il fut en âge de jouer dans une équipe. Ce fut donc naturellement cette voie que Ludo choisit après avoir décroché ses aspics. Il espérait vraiment décrocher une place dans une grande équipe. En cours, le sorcier était plutôt un élève médiocre, doué de grandes capacités mais qu’il exploitait peu, préférant consacrer son temps libre à s’amuser plutôt qu’à potasser. Le jeune homme avait en effet un grand défaut : il était joueur. Il organisait d’ailleurs des paris, sur un peu tout et n’importe quoi. Le garçon n’avait pas encore conscience de son addiction au jeu… Il restait quand même populaire pour sa grande gentillesse, dotée d’une pointe de naïveté qui lui jouera probablement des tours un jour…

« Je rêve là où tu révises ? » demanda Otto, les yeux écarquillés de surprise de trouver son frère cadet attablé à la bibliothèque, le nez dans un bouquin. « Chut Otto, tu vas tout gâcher. Assieds-toi. » Répondit le blondinet en tirant sur le bras de son frère pour l’inciter à s’asseoir. Les yeux de Ludo se posèrent à nouveau sur un groupe de fille quelques tables plus loin. Otto, intrigué, interrogea son frère à voix basse :« Qu’est-ce que tu regardes comme ça ? Tu cherches une nouvelle conquête ? » Ludo secoua la tête, sans lâcher le groupe de sorcières des yeux. « J’ai fait un pari avec Violette O’Neil. Elle doit faire virer Charisma de la biblio en moins de 10 minutes. Là cela fait déjà 5 minutes et elle n’a réussi qu’à s’attirer les regards noirs de la vieille chouette de bibliothécaire en discutant trop fort. » Ludo se frotta les mains l’une contre l’autre et un petit sourire satisfait apparu sur son visage. « Je me prépare déjà à encaisser les 5 mornilles qu’on a pariées. » Otto leva les yeux au ciel. Il adorait son frère, parce que franchement avec Ludo on ne s’ennuyait jamais. Mais contrairement à lui, Otto n’avait pas autant de facilité, il lui fallait travailler bien plus et il essayait de terminer avec brio sa scolarité. Il reporta néanmoins son attention sur le groupe de sorcières, s’intéressant quand même à l’issue de ce pari puéril. « Plus que 4 minutes.. » annonça Ludo en regardant sa montre. C’est à ce moment que la dite Violette s’empara d’un objet dans sa poche qu’elle déposa dans le sac de son amie Charisma avant de saluer ses amies et rejoindre Ludo à sa table avec un sourire malicieux. «Charisma est toujours là, aligne la monnaie Vi'. » lui fit-il. « Attends. Ne mets pas la charrue avant les hipogriffes ! Il me reste trois minutes. Regarde là bas » Son regard se posa à nouveau sur Charisma. Une petite explosion eut lieu dans son sac et une fumée verdâtre et malodorante s’en échappa soudain. Les filles qui entouraient la victime de leur plaisanterie se bouchèrent le nez avec une expression dégoutée sur le visage. La bibliothécaire qui avait déjà le groupe à l’œil à cause de leurs bavardages arriva sur le champ. S’emparant du sac suspect, elle y découvrit les restes d’une boule puante de chez Zonko. La sentence fut immédiate : elle renvoya illico Charisma, la prenant pour la « coupable » et ses quelques amies malgré leurs protestations et elle leur interdit l'accès à la bibliothèque pendant toute une semaine. L’odeur commençait à se propager jusqu’à eux. Otto grogna que c’était vraiment pas malin en se couvrant le nez. Vi regarda Ludo avec un sourire ravi aux lèvres. Un coup d’œil à sa montre et elle annonça « Dix minutes, je suis pile poil dans les temps mon grand. J’ai envie de dire : aligne les mornilles. » Une lueur d’amusement brillait dans les yeux du sorcier qui lui répondit, bon joueur : « Très bien.. J’avoue tu as gagné. Je dois avoir laisser ma bourse dans ma chambre par contre, accompagne moi et on pourra boire un verre de jus de citrouille. Il m’en reste une gourde justement. De toute façon ça devient irrespirable ici.» La jeune fille acquiesça et ils s’éloignèrent. Ludo passa son bras autour de l'épaule de son amie, et avant de passer la porte, il tourna la tête vers son aîné et lui adressa un clin d’œil complice un sourire malicieux dessiné sur ses lèvres. Finalement, il avait peut être trouvé une nouvelle conquête…