Nastya sortait tout juste de son cours de métamorphose. Comme d’habitude, elle avait récolté quelques quolibets de la part des autres élèves, toutefois, rien de bien inquiétant, elle en avait l’habitude. La vraie nouveauté était sans doute que cela ne venait plus seulement des Serpentards mais bien des élèves des quatre maisons de l’école. Heureusement, avec le temps, elle s’était forgée une armure et avait appris à ne plus s’inquiéter de ce que les autres pouvaient penser d’elle. De cette manière, elle ne perdait jamais son sourire pour le plus malheur de ses agresseurs qui devaient redoubler d’ardeur dans l’espoir de la briser.
D’un coup de coude, elle écarta les élèves qui se trouvaient sur son chemin afin de rejoindre son amie le plus vite possible. Même si elle essayait de rester forte en toutes circonstances, elle avait parfois une boule dans la gorge lorsque les remarques allaient trop loin. Dans ces cas-là, elle avait besoin de la compagnie des rares amis qu’elle s’était fait à Poudlard, comme Oxana. Les deux jeunes filles avaient un parcours plutôt semblable : virées de Durmstrang, bulgares, etc. Bref, des éléments qui les destinaient à se rapprocher même si, au départ, Nastya devait avouer qu’elle ne l’avait pas appréciée à cause de son nom de famille.

Quoiqu’il en soit, la blonde se dirigeait désormais vers l’extérieur de Poudlard. Les cours étaient finis, elle avait bien besoin d’un peu de détente en compagnie de son amie. Le point positif est, qu’à cause du froid, les autres élèves ne voulaient pas vraiment sortir. L’engouement des boules de neige était passé et, maintenant, ils se languissaient simplement du retour du soleil. Sans hésiter, Nastya s’engouffra dans le froid hivernal à la recherche d’Oxana. Les caresses du vent glacé contre ses joues la firent frissonner mais elle ne s’arrêta que lorsqu’elle fut à la hauteur de son amie à qui elle fit la bise. Si elle lui avait demandé de venir, c’était pour une bonne raison, elle avait une grande nouvelle à lui annoncer. Quelque chose d’exceptionnel lui était arrivé la semaine dernière (mis à part la première retenue de sa vie) et elle tenait absolument à lui en parler. Après tout, c’était sa seule confidente au château.

Les joues écarlates à cause du froid, Nastya avait décidé de jouer cartes sur table avec elle. Elle leva les yeux dans sa direction, bien décidée à ne pas la faire languir pour longtemps. « J’ai un truc à te raconter. La semaine dernière, j’ai reçu des lettres d’un garçon de l’école. Je ne t’en ai pas parlé car je croyais que c’était une blague mais, maintenant que je suis sûre du contraire, je peux t’annoncer que je viens de retrouver un membre de ma famille, mon cousin » annonça-t-elle fièrement. Pour une fille qui avait été baladée de famille d’accueil en famille d’accueil toute sa vie, cette nouvelle sonnait presque comme un miracle. D’ailleurs, elle laissa échapper un rire qui témoigna de sa bonne humeur du moment.

Toutefois, son regard ne tarda pas à s’assombrir. Tandis qu’elle parlait, elle sortit la première lettre qu’elle avait reçu du garçon en question pour lui montrer que ce n’était pas un instrument de son imagination. « Par contre, il y a un hic. Il est au courant de la raison de mon renvoi de Durmstrang. Jusqu’à présent, seul Dumbledore l’était et je dois dire que ça me fait un peu peur » Même à Oxana, elle n’avait jamais osé en parler. Cependant, cela faisait plusieurs mois qu’elle songeait à le faire. Après tout, c’était sa meilleure amie au château. De plus, elle lui faisait assez confiance pour lui révéler sa vraie nature. Elle savait qu’elle n’irait pas crier son secret sur tous les toits. « J’ai envie de te le dire aussi mais j’ai peur que tu ne veuilles plus me parler quand tu seras au courant » Elle exprimait ses doutes à voix haute. Après tout, si Oxana se mettait à avoir peur d’elle et à la fuir, elle n’aurait plus personne à qui se confier. Son amitié était très importante à ses yeux. Elle n’était pas sûre de vouloir risquer de la casser juste pour un besoin aveuglant de sincérité.

Oxana reposa sa plume. Ce devoir d’histoire lui avait pris quatre feuilles de parchemins et deux heures. Elle n’avait qu’une envie, c’était de descendre dans la Grande Salle avaler quelque chose puis d’aller se coucher, tellement elle était fatiguée ; mais il fallait encore qu’elle aille voir Nastya. En effet, cette dernière lui avait proposé qu’elles se voient, ayant apparemment quelque chose d’important à lui dire. Toute la journée Oxana s’était demandé qu’est ce que Nastya pouvait bien avoir de si important à lui raconter. Depuis qu’elles s’étaient réconciliées, les deux jeunes filles déjeunaient de temps à autre ensemble, ne discutant pratiquement que de Durmstrang, de la Russie, de leur nouvelle vie, mais jamais de la famille Karkaroff, of course. Peut-être Nastya allait-elle lui dire la vérité sur son renvoi de Durmstrang… Parce que l’histoire qu’Igor Karkaroff, le directeur de l’école russe, avait racontée aux élèves ne tenait pas vraiment la route. Comment aurait-on pu « découvrir » subitement que Nastya était une née-moldue, et que par conséquent, elle ne pouvait plus rester à Durmstrang ! Pour Oxana, ce n’était qu’un prétexte, mais jamais elle n’avait abordé le sujet, que ce soit avec son oncle, ou son père ou même la principale intéressée.

Rapidement, Oxana rassembla ses affaires et les fourra dans sa besace. Rapidement, elle monta au dortoir des filles poser son sac avant de redescendre dans la salle commune de Serpentard. Comme toujours en hiver, la salle commune était assez sombre, et les élèves restaient pour la plupart près des feux de cheminées. A cette heure-ci, beaucoup d’élèves avaient fini les cours, et se retrouver à manger, à discuter, à lire ou à réviser. Oxana salua quelques personnes faisant parti de sa maison, puis enfila sa cape et ses gants en velours. Silencieusement elle remonta au rez –de-chaussée de Poudlard, se préparant psychologiquement à sortir dehors et donc à affronter le froid et la neige. Parce que bien sûr, on devait se donner rendez-vous dehors… par un temps pareil. Oxana était bien forcée de l’avouer ; depuis qu’elle vivait au Royaume-Uni, elle était devenue comme les anglaises, frileuse et râleuse.
Il ne neigeait pas, mais un vent glacé soufflait, faisant virevolter les longs cheveux blonds d’Oxana. D’un geste vif, elle mit sa capuche, espérant ainsi se protéger du vent. Elle traversa la cour de Poudlard, s’enfonçant un peu plus à chaque pas dans la neige fraîche. Au milieu de la cour se tenait une fontaine. Oxana s’en approcha et toucha de sa main gantée l’eau gelée, froide comme la pierre. Elle fit encore quelques pas avant d’arriver sous le cloître en ruines, histoire d’être à l’abri du vent en attendant Nastya. D’ailleurs, Oxana la voyait qui arrivait, emmitouflé dans une cape comme elle. Il ne fallut à Nastya que quelques dizaines de secondes pour traverser la cour et arrivait à la hauteur d’Oxana. A peine s’étaient elles saluées que Nastya commença à parler à son amie. « J’ai un truc à te raconter. La semaine dernière, j’ai reçu des lettres d’un garçon de l’école. Je ne t’en ai pas parlé car je croyais que c’était une blague mais, maintenant que je suis sûre du contraire, je peux t’annoncer que je viens de retrouver un membre de ma famille, mon cousin » Nastya semblait fière de cette découverte. Il y avait de quoi, pour une fille qui avait passé toute son enfance dans des familles d’accueil dans les pays slaves. Oxana savait que ça n’avait pas toujours été facile, et elle avait dans l’idée qu’être virée de Durmstrang et de devoir s’installer au Royaume-Uni n’avait fait qu’aggraver les choses. Oxana s’apprêtait à lui répondre quelques mots bien adaptés et polis qui correspondaient bien à l’évènement. Mais avant qu’elle n’ai ouvert la bouche, Nastya recommença à parler. Oxana doutait que ce soit une autre bonne nouvelle, car la mine de la jeune Serdaigle était moins enjouée. « Par contre, il y a un hic. Il est au courant de la raison de mon renvoi de Durmstrang. Jusqu’à présent, seul Dumbledore l’était et je dois dire que ça me fait un peu peur »Ces paroles confirmaient les pensées d’Oxana. Cependant, elle n’osait lui demander quelle était la vraie raison, les deux jeunes filles n’étaient pas suffisamment proches pour qu’elle l’interroge sur le sujet. « J’ai envie de te le dire aussi mais j’ai peur que tu ne veuilles plus me parler quand tu seras au courant » Voilà qui tombait à pique. La curiosité d’Oxana était piquée à vif, aussi elle ne voyait strictement aucun inconvénient à ce que Nastya lui explique pourquoi. Quoique, en repensant aux mots qu’avaient employés Nastya, Oxana se dit qu’il devait bien y avoir une raison pour que personne ne soit au courant. Peut-être que c’était quelque chose d’horrible, d’inavouable. Non, ce n’était pas possible, elle connaissait sa camarade russe depuis longtemps, et Nastya n’était pas le genre à s’attirer des problèmes. « Je suis vraiment… heureuse pour toi, que tu ai trouvé un de tes cousins. Tu… l’as déjà rencontré ? » Oxana s’arrêta de parler quelques secondes, puis reprit en essayant de ne pas trop balbutier. « Tu sais Nastya, tout le monde a ses petits secrets, plus ou moins sombres… Mais c’est vrai que je n’ai pas cru l’histoire que mon… oncle avait raconté à propos de ton départ. Mais s’il a fait ça, c’est qu’il y avait une raison, non ? »

Dévorée par la neige, Nastya n’en était pas devenue muette pour autant. Non seulement elle avait énormément de choses à raconter à son amie mais, en plus, elle était acclimatée au froid polaire qui n’était, avouons-le, pas aussi polaire que celui qui régnait en Russie. En réalité, après avoir connu le dur climat russe, Nastya avait développé une sorte de quatrième couche de peau qui la protégeait du froid. Et, pour un peu, elle aurait même pu trouver le temps actuel tout à fait charmant. Du moins, ses anciens collègues de Durmstrang auraient sans doute tué pour avoir une temps aussi « clément » que le leur à l’heure actuelle.
Bref, en ce moment, ce n’était pas la neige qui inquiétait notre petite élève modèle mais, plutôt, la révélation qu’elle s’apprêtait à faire à Oxana. Oh, pas celle d’avoir retrouvé un de ses cousins mais, évidemment, celle qui consistait à lui révéler sa lycanthropie. D’elle-même, elle n’en avait jamais parlé à personne. Les seules personnes qui étaient au courant l’avaient appris soit par hasard, soit parce qu’elle y avait été obligée. Certes, elle respectait énormément Dumbledore mais il était évident qu’elle ne lui en aurait jamais parlé si cela n’avait pas été nécessaire. A l’heure actuelle, même si elle était sûre de sa décision, elle ne pouvait s’empêcher d’être mal à l’aise en imaginant sa réaction. Après tout, il ne fallait pas oublier qu’elle restait de la même famille que l’homme qui l’avait mise dehors comme une malpropre.

Inspirant profondément, elle retarda le moment le plus qu’elle put. Plus les secondes passaient, moins elle se sentait capable de sauter le pas. « Qu’est-ce que ton oncle a encore inventé sur mon compte ? » demanda-t-elle d’un ton froid. Même si elle appréciait beaucoup Oxana, il était évident qu’elle détestait plus que tout son oncle qui s’était comporté comme un goujat avec elle préférant virer sa plus brillante élève que d’avouer à tout le monde qu’il avait laissé entrer un loup garou dans son école sans même en être informé.

Agitant nonchalamment sa main, elle lui fit signe que ce n’était pas important. Elle se fichait bien des mensonges de ce type qui, au fond, ne feraient que l’énerver davantage. Evidemment, elle avait déjà rencontré des gens de mauvaise fois mais jamais quelqu’un de comparable à Igor Karkaroff. Essayant tant bien que mal de se calmer au souvenir de la flagrante injustice qu’elle avait subie, elle continua. « De toute façon, il n’aurait jamais osé avouer la vérité aux autres élèves pour la simple et bonne raison qu’il aurait dû avouer par la même occasion qu’il avait commis une erreur » commença-t-elle d’une voix faible entrecoupée par les souffles bruyants du vent qui commençait à monter. Maintenant qu’elle était lancée, elle décida de continuer. « Ça s’est passé un mois avant mon renvoi de l’école, un soir de pleine lune, je ne sais pas si tu le savais mais, à ce moment, j’avais un petit ami. Bref, il m’avait donné rendez-vous près du lac. Sauf que, là, il s’est mis à me dire des insanités et il m’a attaqué » Ce souvenir était très douloureux à partager d’autant qu’elle n’avait jamais raconté cette histoire aussi en détails. « J’ai pu m’en remettre assez facilement sauf qu’à la pleine lune qui a suivi, je me suis mise à me transformer, littéralement » Incapable d’en dire plus, Nastya espérait avoir donné assez d’informations à Oxana pour qu’elle comprenne que celle-ci était une louve.

« Qu’est-ce que ton oncle a encore inventé sur mon compte ? » Oxana serra les dents, irritée par les paroles de Nastya. Ce ton hargneux envers son oncle lui déplaisait quelque peu. La jeune russe comprenait que son oncle ayant renvoyée Nastya, celle-ci était tout à fait en droit de lui en vouloir, mais elle se sentait obligée de réagir à ce genre de remarque, Igor Karkaroff était tout de même son oncle ; ce qui signifiait aussi sa chair et son sang. Même si c’était ce même oncle qui leur n’était venu en aide quand ils en avaient besoin, elle son père, et qui les avait totalement « oublié » depuis leur départ pour Londres, Oxana ne pouvait en vouloir totalement à son oncle. Autant elle pouvait être très rancunière, mais lorsqu’il s’agissait de la famille, tout devenait différent. Elle avait été élevée comme ça : la famille est la seule chose à laquelle on peut se fier, il faut respecter cela… Entre les serments inviolables promettant de se soutenir les uns les autres et la fierté qu’il fallait avoir de porter son nom de famille, Oxana était presque forcée d’admirer les divers membres de sa famille.

En revanche, Oxana pouvait-elle défendre son oncle en face de Nastya, qui avait été forcée de quitter Durmstrang du jour au lendemain ? Ca ne servait à rien de dire quelque chose de toute façon, mieux valait ne pas continuer à parler de cela. Elle n’aurait même pas dû aborder le sujet en premier, mais heureusement, Nastya changea plus ou moins de sujet, histoire de répondre à la question d’Oxana. « Ça s’est passé un mois avant mon renvoi de l’école, un soir de pleine lune, je ne sais pas si tu le savais mais, à ce moment, j’avais un petit ami. Bref, il m’avait donné rendez-vous près du lac. Sauf que, là, il s’est mis à me dire des insanités et il m’a attaqué » Ce qui était sûr, c’est qu’Oxana ne s’attendait pas du tout à cette réponse, qui d’une part n’expliquait pas son renvoi et qui plus est, la Serpentard avait du mal à se remémorer un petit ami. En même temps, plus le temps passait et plus ses souvenirs s’estompaient… Durmstrang, Moscou, la Russie, que d’images qui commençaient à devenir floues, qui s’effaçaient au fur et à mesure qu’elle se construisait une nouvelle vie ici. Pourtant, Oxana n’avait pas envie d’oublier son ancienne vie, malgré les efforts que tout le monde faisait pour qu’elle puisse s’intégrer correctement. Un petit ami… cela ne lui rappelait rien de spécial, pourtant, rares étaient ceux à avoir une relation que l’on peut qualifier de « sérieuse », du moins pour des adolescents, à Durmstrang. Oxana avait plsu le souvenir que tout le monde fricottait avec tout le monde, dans le dos des profs bien évidement, mais les couples eux se cachaient encore plus. La fin de la phrase de Nastya était quelque peu troublante, et Oxana mit un peu de temps à la comprendre. Attaquée ? Comment son petit ami avait-il pû l’attaquer ? La frapper –bien que ce soit une idée horrible- pouvait passer, mais on n’attaquait pas quelqu’un, enfin, le terme semblait vraiment mal choisi. Une seule fois ou deux, Oxana avait entendu cette expression quand il s’agissait d’humain, mais alors on parlait de loups-garous, et pour elle, il était impensable que Nastya ait été attaquée par un loup-garou. « J’ai pu m’en remettre assez facilement sauf qu’à la pleine lune qui a suivi, je me suis mise à me transformer, littéralement »

Finalement, il fallait croire que si, la jeune fille blonde qu’Oxana avait en face d’elle était bel et bien devenue un loup-garou. Mi-étonnée, mi-effrayée, elle recula de quelque pas. Elle n’avait pas peur de Nastya tout à coup, mais cette nouvelle avait de quoi rendre confus plus d’une personne. Qui plus est, cela lui semblait tout à fait insensé qu’un sorcier étudiant à Durmstrang soit loup-garou. L’oncle d’Oxana l’aurait su, et aurait alors pris des dispositions pour éviter ce genre… d’incident fâcheux. « Tu es entrain de me dire que… que tu es un loup-garou ? Nastya… c’est complètement insensée. Désolé, mais,j'ai du mal à croire... ça. » Après tout, cette histoire semblait un peu gros, non ? Oxana aurait préféré ne pas avoir de doutes, mais c’était plus fort qu’elle, elle ne pouvait être sûre de tout ce que venait de lui dire Nastya. Si son oncle l’avait ‘’viré’’ de Durmstrang , pourquoi avait-elle était accepter à Poudlard, alors qu’une lycanthrope pouvait s’avérer dangereuse, quoi qu’on en dise. Oxana s’apprêtait à faire cette remarque à voix haute, mais préféra s’abstenir. Après tout, on l’avait aussi accepté à Poudlard, après qu’elle et son père aient trouvé refuge en Angleterre, fuyant la Russie et fuyant Durmstrang. Alors difficile de juger quelqu'un d'autre.