Cher / Chère correspondant(e),

Je ne peux avouer qu’une chose : je ne suis pas une grande fervente de la correspondance, n’étant pas très douée dans le manuscrit de votre langue, aussi musicale soit-elle. Aussi, j’aimerai me faire pardonner à l’avance des fautes que vous pourriez trouver dans cette missive. Je doute bien entendue que vous ayez connaissance de la langue qu’est la mienne, aussi, je vous prie d’y écrire dans votre langue natale, le but étant de toute évidence de nous permettre à nous, Russes, de parfaire ceci.

Il est donc temps que je me présente si j’en crois les règles de l’entretien. Mon patronyme complet est Ehrzeÿna Nikolaïeva Arkadÿevna, mais préférez Ehrza. Je doute que les conformes d’écriture de notre nom vous parle, aussi vais-je tenter de vous décrire du mieux que je le peux nos coutumes. Cette appellation complète indique clairement que je suis une fille, bien que je vous l’accorde, mon prénom pourrait porter à confusion dans votre pays. Le second prénom est en réalité celui de mon paternel. Il est de nature en Russie que les enfants portent le prénom de leur père afin d’en reconnaître l’ascendance. Quant à mon nom de famille… Peu de choses changent en réalité, si ce n’est cette particule de fin venant indiquer mon sexe. Voilà pour la petite histoire. Je suis actuellement âgée de dix-sept ans, et suis étudiante à Durmstrang, dans les institutions des maîtres et des dames. (Une école normale veut que je ne sois introduite que chez les Dames, néanmoins, il arrive parfois que notre miroir n’en fasse qu’à sa tête.) J’ai donc le loisir d’étudier diverses matières plus ou moins recommandées à mon appartenance. En tous les cas, il semble que je sois considérée comme une bonne élève.

En ce qui concerne ma vie en elle-même, je doute qu’il y ait grand-chose à en dire. Je suis la fille seconde de mon père, un frère étant né avant moi. Je vis à Arkhangelsk, au nord de la Russie, dans un manoir qui, dit on, ressemble de très près à une maison hantée. Amusant n’est-ce pas ? Je ne vois hélas, rien d’autre à ajouter, mais si toutefois, vous avez des questions, n’hésitez pas à les poser, j’y répondrais dans la mesure du possible.

Il est temps d’achever mon écriture, en espérant qu’elle y reçoive une réponse, et que vous avez put comprendre ne serait-ce que la demi de ce que j’y ai écrit.

Ehrza,

Je dois t'avouer que je ne sais pas vraiment à quoi j'ai pensé en m'inscrivant à ce programme d'échange : je n'ai jamais été très doué pour correspondre avec des gens dont je ne connaissais rien. Mais pourquoi pas après tout. J'espère que je ne te parais pas trop hostile ; j'ai parfois l'impression d'avoir du mal à m'exprimer dans mes lettres et on me le reproche souvent. Quoi qu'il en soit, enchanté de faire ta connaissance, Ehrza - tu ne m'en voudras pas, mais j'ai une mémoire affreuse pour les noms et j'ai peur d'écorcher le tient en le recopiant. Et ne t'en fais pas en ce qui concerne ton anglais : tu te débrouilles très bien ; peut-être même mieux que moi-même.

Je suppose que c'est à mon tour de me présenter alors. Je m'appelle Remus Lupin. Remus John Lupin en réalité, mais mon second prénom est si rarement utilisé qu'il me paraît peu pertinent de le dévoiler lorsque je me présente. Enfin bref, mon nom doit te paraître bien étrange - je suppose que ce n'est pas le genre de noms que tu as l'habitude d'entendre dans le Nord. Ici également il est hors norme ; je le dois à l'imagination plus que fertile de mes parents. Mais passons, je ne suis pas là pour disserter sur mon nom. J'ai dix-huit ans et je suis étudiant - comme tu dois sans doute l'avoir deviné en m'envoyant cette lettre - à Poudlard. Voilà, je n'ai fait que te donner les mêmes informations que toi, mais je dois t'avouer que je n'ai jamais vraiment été doué pour me présenter. Je suis un élève tout ce qu'il y a de banal, je n'ai - je pense - rien qui pourrait être assez intéressant à te dévoiler.

Le système scolaire de ton établissement me semble bien différent du nôtre et si tu veux mon avis, je trouve cela fascinant - oui désolé j'ai un gros défaut : je suis extrêmement curieux, peut-être trop d'ailleurs. Cette histoire de miroir, par exemple, m'intrigue. Est-ce ainsi que vous êtes répartis dans les diverses... institutions? Nous n'avons pas de tel objet ici ; nous avons en revanche un Chapeau ensorcelé - le Choixpeau - dont le but est de nous envoyer dans l'une des quatre maisons de l'école selon notre caractère. Enfin bref, je vais m'arrêter là. Cette petite leçon doit te paraître bien ennuyeuse. J'en suis navré.

Quoi qu'il en soit, n'hésites pas à me poser la moindre question également. Je t'avoue que je ne sais pas vraiment par quoi commencer pour te parler de moi. Je me répète mais je ne suis vraiment pas doué pour m'étaler sur ma vie personnelle alors vraiment, n'hésites pas. J'espère ne pas avoir paru trop ennuyeux et j'espère avoir de tes nouvelles bientôt. Autant jouer le jeu de cette correspondance maintenant que nous sommes lancés - sauf si bien sûr tu t'es endormie à la lecture de cette lettre ô combien passionnante, je le sais.

Dans l'attente d'avoir de tes nouvelles,

Remus

En tout premier instant, enchantée de te connaître Remus, et ravie que tu ais répondu à ma première missive. Durant un temps, j’ai douté d’en recevoir une, mais qu’importe, me voilà de nouveau à faire pleurer ma plume et à me concentrer sur votre belle langue.

Les présentations faites, j’ai peur de n’avoir plus grand chose à dire non plus, toutefois, ta curiosité est pour moi un ravissement ! Notre institut est des plus particuliers semble t’il aux yeux des étudiants étrangers, et pour cause, nous n’avons guère bonne réputation, il faut l’avouer. Pour ce qui est de notre répartition, je m’en vais t’expliquer tout cela. Nous avons trois institutions à Durmstrang : les Maitres, les Dames, et pour achever, les serviteurs. Dit ainsi, il est vrai que cela donne un ensemble quelque peu extrémiste, et tu ne saurais avoir tort. D’ordre général, les jeunes garçons dits nobles et possédant une ascendance élitiste sont envoyés chez les maitres, quand les demoiselles de ce même genre de lignée rejoignent le clan des Dames. Ainsi que tu peux t’en douter, ce qui est consigné comme raclures, traîtres à leur sang, et autres diversités sont envoyés chez les serviteurs. Le système n’a guère changé depuis Yvan le Terrible, et nos supérieurs n’y ont pas vu à redire, car après tout, c’est par ce biais là que l’on se forge. Néanmoins, comme je te le mentionnais plus tôt, notre miroir, {le miroir d’Heimdall}, est un tantinet têtu. La démarche est toute simple en vérité en ce qui concerne son mode de fonctionnement. Il est essentiel pour pouvoir lire en nous, d’avoir une goutte de sang sur sa surface, dès lors, notre reflet s’efface pour laisser place au blason de l’institution que nous rejoignons. Comme tu peux t’en douter, il arrive parfois qu’un noble achève sa route chez les serviteurs, et dès lors, l’on s’enflamme. C’est assez amusant. On ne peut pas appartenir à deux systèmes, c’est ainsi.

À toi maintenant ! J’ai cru lire une fois quelque chose sur ce fameux Choixpeau… Si mes souvenirs sont bons, il fut ensorcelé par un certain Gryffondor n’est-ce pas ? Parle moi de ces maisons. Quelle est la tienne d’ailleurs ? Est-ce vrai que votre école a des escaliers qui vous mènent où bon leur semblent ? Je suis curieuse, peut-être même plus que toi, mais la perspective de connaître un tant soit peu une école bien moins austère que la notre est des plus alléchante.

En attente de ta prochaine lettre …

Ehrza,

Je suis heureux de voir que tu m'aies répondu dans des délais aussi brefs. J'ai bien retenu la leçon avec ton hibou : je me suis fait griffer lorsqu'il m'apporta ta première lettre, mais je crois être sur le bon chemin avec lui - en tout cas aujourd'hui, il ne s'est pas attaqué à ma main.

Durmstrang me semble en effet bien différent de chez nous - ce qui n'empêche pas la réputation de ton établissement d'être arrivée jusque chez nous. Ce miroir dont tu as parlé m'intrigue fortement et j'aurais aimé avoir l'occasion de voir cet objet de mes propres yeux - ce qui, je suppose, n'arrivera sans doute jamais ; je me contenterais donc d'imaginer à quoi celui-ci ressemble et de faire quelques recherches dans des livres afin d'en apprendre encore plus sur le miroir d'Heimdall. Merci pour ces précieuses informations. Il me semble avoir lu dans ta première missive que tu faisais partie des institutions des Maîtres et des Dames. J'imagine combien cela doit être dur pour toi de faire partie de ces deux écoles.

Quant à notre Choixpeau, c'est effectivement un objet ensorcelé par l'un des fondateurs de notre école, Godric Gryffondor. Nos maisons portent le nom des quatre sorciers qui ont fondé Poudlard - Gryffondor, Poufsouffle, Serdaigle et Serpentard - et nous sommes envoyé dans l'une ou l'autre de ces maisons en fonction de notre caractère. Le jour de la rentrée, dans la Grande Salle - une pièce immense comme son nom l'indique qui a de multiples usages puisque c'est là que l'on mange, qu'on passe nos examens et que l'on prend nos premiers cours de transplanage - nous sommes appelés tour à tour. Le Choixpeau est posé sur nos têtes et c'est lui qui décidera la maison dans laquelle nous feront notre scolarité. Pour ma part, j'étudie à Gryffondor. Chez les "courageux et hardis lion", disent-ils. J'essaie toujours de comprendre ce qui a convaincu le Choixpeau de m'y envoyer - il hésitait avec Serdaigle m'avait-il dit, mais c'est chez les lions que je me suis retrouvé. Chez les vaillants Gryffondor ou chez les sages Serdaigle, un choix cornélien. Et finalement, je ne suis pas tant déçu que cela par son choix.
Quant aux escaliers dont tu parles, ils n'en font qu'à leur tête et peuvent se montrer très capricieux. Il m'est déjà arrivé d'attendre plus d'un quart d'heure pour que ceux-ci décident de bien vouloir m'emmener où je devais aller. C'était un peu déroutant, au début. Mais je m'y suis fait. Et il m'arrive souvent d'emprunter l'un des nombreux passage secret de l'école pour me déplacer maintenant. Ça m'évite d'attendre que les escaliers se montrent docile - ce qui peut parfois durer assez longtemps. Mais je ne vais pas m'étaler sur le sujet. Je pourrais t'écrire des pages et des pages sur Poudlard, sur ce qui fait toute sa magie mais je préfère m'arrêter là pour le moment. Il est l'heure de descendre pour souper - d'ailleurs, le plafond magique de la Grande Salle est sublime : il reflète le temps qu'il fait à l'extérieur. Ce soir, nous prendrons notre repas sous un ciel pluvieux.

Dans l'attente d'une prochaine missive,

Remus

Crois bien que je suis navrée en ce qui concerne ce hibou maudit. J’ai bien peu d’avoir choisi le mauvais au magasin, toutefois, s’il venait à t’agresser de nouveau, n’hésites pas à le réprimander. L’on me répète souvent qu’il est agressif, mais n’ai jamais eu à souffrir de ses sautes d’humeur. L’oiseau aura sans doute hérité de mon mauvais caractère. Quoi qu’il en soit, je suis toute autant ravie de recevoir une aussi rapide réponse, je crois bien que je dois être l’une des rares à recevoir une réponse aussi rapidement, d’autant plus lorsque je sais que le hibou mets tant de temps à voyager, je jurerai presque que mes camarades sont jaloux.

Si le miroir t’intéresse tant, je peux te faire parvenir mon ouvrage sur l’institut de Durmstrang. Il me semble, si mes souvenirs sont bons, qu’il y a une gravure du miroir à l’intérieur. Toutefois, je doute que tu parviennes à en lire le contenu, le tout se trouvant dans notre langue. Au mieux, puis-je t’en faire une traduction approximative, mais dès lors, il te faudra me laisser le temps de le faire. Tu as en effet bien lu, je fais partie de ces deux institutions, ce qui est plutôt hors norme en toute vérité. Comme je te le disais précédemment, l’on ne peut faire partie de deux maisons, une femme ne peut aller chez les maitres, et inversement. Imagine donc la terreur de mon directeur de maison lorsque la chose s’est produite ? Je n’imaginais pas même la chose possible. Il s’est pourtant avéré que le miroir a fait subir ce caprice par trois fois durant les siècles derniers, il est bien sur inutile de demander pourquoi, celui-ci n’a jamais fourni d’explication. Il se murmure que la dame qui se rend chez les maitre est censé réguler la fierté de ces derniers et prouver qu’une femme est toute aussi capable… D’autres ragots racontent que ce serait une histoire d’ascendance, ma foi, je ne saurai que dire en vérité. Mais comme tu le mentionnes si bien, cela n’a pas été une mince affaire que de se faire accepter dans les deux parties de l’école, tout mon emploi du temps est un véritable chamboulement à lui seul : en plus des cours principaux, j’ai l’honneur d’être conviée à participer aux cours des maitres, à dire la bienséance, les arts du duel (étant bien sûr exemptée de la lutte), magie noire, mais aussi à ceux des dames, tels que l’intendance, l’étiquette, les arts en tout genre, et pour mieux achever mon emploi du temps, j’ai de surcroit des cours particuliers avec certains de mes professeurs afin de conserver mon niveau à son excellence. T’écrire est sans aucun doute le seul passe-temps que je puisse réellement m’autoriser, et je dois avouer être particulièrement ravie d’être tombée sur un correspondant tel que toi. Ainsi, je te remercie d’illuminer quelques unes de mes journées.

Mais je t’ai donné des aspects bien négatifs de tout cela. En vérité, faire parti de ces deux castes est très enrichissant, autant d’un point de vue scolaire que social. Car même s’il est dur se faire accepter, et j’ose encore porter cela sur le compte de la jalousie, j’ai su me faire quelques bons amis, bien que la méfiance se doit toujours d’être de rigueur dans notre terrible école. Pour exemple, j’ai un uniforme pour moi toute seule (qu’il est doux de faire ressortir le côté superficiel), quelques privilèges qui ne sauraient être accordés aux autres de même. Pour exemple, je dors dans le dortoir des dames, mais c’est aux côtés des maitres que je prends chacun de mes repas. Les discussions sont différentes, il faut l’avouer, mais ainsi, je peux assurer une certaine protection au risque de dévoiler un secret qui ne voudrait être entendu. Juge-moi machiavélique si tu le souhaites, un jour, j’aurai peut-être l’honneur de te faire vivre la dure vie de Durmstrang si nos écoles souhaitent la rencontre.

Par Raspoutine, votre système de répartition est ma foi fort fascinant ! Comme tu souhaites voir notre miroir, j’aimerai beaucoup assister un jour à ce spectacle. D’autant plus que cela a l’air bien plus simple et facile que chez nous ! Ainsi te voilà donc un descendant du hardi ? Si votre choixpeau en a décidé ainsi, alors c’est que là se trouvait ta place. Le courage se trouve sous bien des formes… Hélas, toutes ces maisons ne me parlent guère, et leur nom ne m’apporte pas tant d’information. Peut-être ferais-je une recherche dans notre bibliothèque si mon emploi du temps me le permets, en attendant, je ne peux m’en remettre qu’à toi pour me décrire toute ton école. L’histoire des escaliers est en elle-même passionnante, je n’ose imaginer comment je pourrai réagir si je devais me trouver coincée entre deux étages. Mais ton histoire de passage secret m’intéresse, serais-tu un diable de maraudeur se faufilant ci et là au gré de ses envies ? Il me tarde déjà de lire tes prochaines lignes, en attendant, je dois moi aussi filer pour le souper. Nous n’avons pas de plafond magique, il est vrai, mais ce soir, l’illustre Pycelle Pavelov nous fait l’honneur de sa présence : il s’agit du plus grand alchimiste de Russie. L’on dit qu’il souhaiterait nous faire la démonstration d’une de ses dernières trouvailles.

A très vite je l’espère, petit maraudeur.

Ehrza,

Désolé d'avoir mis tant de temps à répondre à ta dernière missive. J'ai été occupé cette semaine entre les centimètres de parchemin qu'il me fallait écrire pour mes cours et mon rôle de préfet - les préfets sont les élèves qui se chargent de maintenir l'ordre parmi les élèves, le directeur de notre établissement a fait appel à moi ainsi qu'à un collègue pour quelques tâches. Quoi qu'il en soit, sache que je ne t'oublie pas malgré mon emploi du temps. Ton hibou s'est calmé, je crois. À moins que je n’aie réussi à l'apprivoiser. Je n'hésiterais néanmoins pas à me montrer autoritaire s'il recommençait. On dit souvent que les hiboux finissent par ressembler à leur propriétaire. Tu ne me sembles pourtant pas aussi hostile que ton oiseau. Bien au contraire.

Ton ouvrage m'intéresserait, en effet. Et si tu acceptes de t'en séparer pour quelques semaines, j'apprécierais avoir la possibilité d'en parcourir les pages. Ne t'en fais pas, je trouverais bien un moyen de le déchiffrer sans que tu n'ais besoin de me le traduire. Nous avons quelques élèves originaire de ces contrées et, si j'ai de la chance, ils pourraient me venir en aide. Pourrais-tu donc me faire parvenir cet ouvrage? Je te le renverrais dans peu de temps, une fois que celui-ci aura assouvi mon désir d'en apprendre plus sur Durmstrang. Pour en revenir à votre système scolaire, celui-ci me semble rude. Je vois dans tes paroles des cours qui ne font pas partie de notre programme, en Grande-Bretagne. Nous n'avons ni bienséance, ni lutte et encore moins de magie noire. Pays différents, cultures différentes et donc, formations différentes, je présume. Nos deux établissements semblent ne pas avoir la même conception de la magie - ici, il est presque un crime d'oser parler de magie noire alors que cela semble être encouragé dans ton école. Quoi qu'il en soit, plus tu me parles de Durmstrange, de ce système scolaire, de ta propre scolarité, plus cela m'intrigue. Tu dois être bien courageuse pour suivre tes cours dans ces deux institutions ; être entourée d'homme alors que l'on est une femme victime des caprices d'un miroir ne doit pas être facile à vivre. Il faut sans cesse leur montrer que l'on est sur un pied d'égalité avec eux. Je suis heureux de savoir que j'illumine quelque peu tes dures journées. Et je ne peux que te retourner ce compliment. T'écrire me permet de m'aérer l'esprit, de songer à autre chose.

Je ne pense pas que tu sois machiavélique. Au vu de ta situation, il est - je pense - tout à fait légitime de se munir d'armes pour se défendre. Ce que tu vis doit, dans tous les cas, être extrêmement enrichissant. Je pense que, malgré tout, c'est une chance pour toi de faire partie de ces institutions, peu importe ce qu'en pensent les autres. Tu as l'occasion d'explorer divers horizons, d'expérimenter à la fois l'institution des maîtres que celle des dames. Le caprice du miroir dont tu as été victime aurait eu mille points négatifs, il y en aurait eu mille et un positifs. J'adorerais découvrir Durmstrang de mes propres yeux ; je ne pense malheureusement pas que cela soit possible. Du moins, pas dans l'immédiat. Les relations entre nos deux écoles sont peut-être cordiales, mais je ne pense pas que nos directeurs envisagent la rencontre ; il me semble que nos directeurs restent fermés à ce genre de propositions.

Je pourrais t'en apprendre davantage sur nos maisons - et je m'excuse de ne pas être entré dans les détails plus tôt, je ne t'imaginais pas si curieuse. Lors de la création de notre école, les quatre fondateur ont décidé de répartir les élèves en quatre maisons, selon les qualités qu'ils appréciaient chez autrui. Ainsi, Gryffondor accueille ceux qui, parmi nous, sont courageux, braves et qui ont un don réel pour s'attirer les ennuis - et, y étant, je ne peux que confirmer ce dernier point, connaissant quelques personnes qui ont l'habitude d'enfreindre le règlement de l'école. Les individus loyaux et patents finissent généralement chez Poufsouffle, les sages chez Serdaigle et finalement, les ambitieux chez Serpentard. Cela peut te paraître très schématisé, très "cliché". En réalité, c'est beaucoup plus compliqué que cela. Il ne suffit pas de retrouver du courage chez un élève pour en faire un Gryffondor ou de l'ambition chez un autre pour en faire un Serpentard. Le Choixpeau sonde l'âme de tous nos nouveaux élèves afin de déterminer dans quelle maison il aurait sa place. Au niveau des passages secrets, il y en a quelques uns. Nous en avons par exemple au moins sept qui permettent de quitter le château en douce. Je ne pense cependant pas que mes amis et moi les ayons tous trouvés ; Poudlard est une école qui possède ses propres mystères et il me paraît peu probable que nous en ayons percé tous les secrets. Un maraudeur, dis-tu ? Peut-être bien. C'est en tout cas comme cela que mes compères et moi nous faisons appeler par ici.

Désolé, ma misse s'est encore transformé en roman. Je m'arrêterais donc là pour cette fois. À très bientôt, Erhzeÿna.

Remus

Je te pardonne bien allègrement mon cher Remus, bien que tu m’ais causé une légère pointe d’inquiétude, croyant que ma dernière missive t’ai chagriné. Constatant toutefois que ce n’en est pas le cas, c’est avec gourmandise que j’ai pu lire ta dernière missive. Je compatis toutefois au dur labeur auquel tu dois faire face, j’ai cette chance de ne pas faire partie des « suprêmes » (ce que tu nommes préfet). Je pense que ce serait pour moi le rôle de trop, devant déjà concilier le côté masculin et le féminin, en plus de mes cours particuliers. Je suis ravie de voir que mon hibou ne fait plus de tapages, sans doute est-ce en raison de notre correspondance qui lui devient familière, ou le fait que le voyage doit l’épuiser malgré tout… Hostile ? Je ne le suis qu’avec ceux qui oseraient croire en une potentielle faiblesse de ma part, néanmoins, qualifie moi plutôt de méfiante, je n’ai pas vraiment eu l’occasion de faire confiance à mes camarades ces dernières années.

Comme promis, je te joins mon exemplaire de l’histoire de l’institut, en espérant que tu le trouveras tout aussi fascinant que moi. Si par ailleurs, tu as des questions, n’hésite pas à me les poser. C’est avec grand plaisir que je te répondrais. Garde-le autant de temps que tu le souhaiteras, je crois bien le connaître par cœur désormais, prenant le temps de le relire quand j’en ai le temps ou qu’un des tableaux de l’école me turlupine. Oh ! Avant que j’oublie par ailleurs, auriez-vous dans votre galerie un tableau de Wilhelmina Parker ? Si oui, saurais tu lui faire parvenir les salutations d’une ancienne connaissance, Vlad III Basarab, dit l’empaleur (aussi connu sous le nom de Dracula) ? Celui-ci m’a surprise en train de lire une de tes lettres et ne cesse de me faire jurer les grands dieux nordiques de l’insérer dans l’une des miennes. Je t’en serai mille fois reconnaissante. Passons, cela fait, je peux enfin respirer sans avoir mille menaces de morts à mes oreilles. Plus je te lis, plus j’ai l’impression que notre école forme des êtres dangereux. Est-ce vrai que nous sommes si mal réputé à l’intérieur des côtes anglaises ? Il est tout bonnement naturel pour nous d’étudier la magie noire, il est vrai que nous concentrons nombres d’illustres sorciers à la renommée aussi sombre que les ténèbres, tels que Baba Yaga, Raspoutine ou encore même le tristement nommé Grindelwald… C’est pour cela qu’il nous est essentiel de savoir reconnaître une dose de magie mauvaise lorsque nous la croisons. J’avoue demeurer perplexe de voir que cette matière ne vous est pas même enseignée de manière théorique. Néanmoins, comme tu le dis, contrées différentes, cultures différentes. Pour ce qui est de la bienséance, cela encore me laisse sans voix : n’avez-vous pas une reine tout comme nous avons un tsar ? Sais-tu que si nous sommes incapables de faire une révérence face à ce dernier lorsqu’il nous rend visite, les conséquences pourraient être… comment dire ? Néfastes ? Par Merlin, tu me donnes l’impression de vivre dans un monde à part ! Ne le prends pas mal surtout, mais à te lire, je trouve les anglais bien simplets. J’imagine que cela doit faire du bien de temps en temps de vivre dans un monde sans bienséance, sans lois d’étiquettes et autres. Tu me donnerais presque envie de passer mes prochaines vacances en Angleterre. Oh rassures-toi, je ne m’en sors pas trop mal finalement après sept années à vivre ainsi. Aujourd’hui, il est bien moins dur de rabattre le caquet des jalouses qu’autrefois. Rassures-toi, j’ai apprit à me jouer de tout cela.

Il est vrai qu’il est dommage qu’une rencontre ne soit pas possible, j’aurai aimé te rencontrer pour que tu me racontes tout ce que tu m’écris de vive voix. En attendant, je peux me contenter de ta plume, et découvrir par tes écrits ce que je ne peux voir. Crois-moi, je suis terriblement curieuse lorsque j’ai la possibilité d’en savoir plus sur ce que je ne connais pas. Attends toi à ce que je t’en demande bientôt d’avantage sur la légende Arthurienne ou encore Merlin ! Votre système de maison est ma foi… original. Alors que nous prônons la différence de sexe et d’ascendance, vous privilégiez les traits de caractères. Ingénieux je dois avouer, et hautement intéressant. Quel dommage que cela ne fonctionne pas ainsi ici. Cela m’aurait peut-être permit de ne pas me retrouver entre deux eaux troubles. La maison Serpentard toutefois me parle quelque peu. Nous avons ici quelques intrigants qui souhaitent rejoindre notre école, cela s’est vu par douze fois dans les missives de mes camarades. C’est quelque peu effrayant, d’autant plus que je ne vois pas ce qui pourrait les intéresser chez nous. Qu’importe, je doute qu’ils puissent un jour rejoindre notre institution, notre directeur est bien trop élitiste pour cela. Nous avons aussi quelques passages secrets, mais beaucoup ont été malheureusement condamnés ou ont accueillis diverses créatures tels que les Moremplis ou les chaporouges, le pire demeurant le Povrebine. Tu peux comprendre que même le plus courageux Maitre n’osera jamais s’aventurer dans nos labyrinthes, nos créatures magiques sont bien plus fourbes que celles que l’on connaît habituellement. L’an passé d’ailleurs, nous avons eu une invasion de chaporouges, une horreur pour s’en débarrasser ! Je crois d’ailleurs que notre faune est bien différente de la vôtre, à croire que nous accueillons les rebuts de la société légendaire. Ce qui n’est pas pour nous déplaire me diras-tu, cela nous permets de voir le mal dans les yeux et de l’affronter autant que possible.

Aurais-je mit le doigt sans le savoir sur quelque chose d’intéressant ? Dis m’en plus sur le groupe que tu formes ? Ici, hormis le fléau des trois couronnes, nous n’avons pas grand-chose d’intéressant pour égayer nos journées.

Bien à toi mon cher maraudeur, avec quelques baisers de Russie.

Ehrza,

Merci pour l'envoi de ton ouvrage. Je n'ai pas encore eu l'occasion de le lire à l'instant où je t'écris ces quelques lignes, mais j'ai parcourus quelques pages et, effectivement, je n'en comprend pas l'ombre d'un mot. Cependant, je me suis fait surprendre avec ce livre par l'un de mes camarades, originaires des contrées de l'est, et celui-ci m'a proposé son aide. Quoi qu'il en soit, je n'hésiterais pas à te poser quelques questions dans le cas où il y aurait des zones d'ombre après ma lecture de l'ouvrage.

J'ai transmis les salutations de Vlad III Basarab à Mina, comme nous l'appelons ici. Sa réaction ne s'est pas fait attendre. Son visage est devenu livide, son regard s'est fait plus dur. Et sans un mot, elle s'est enfuit dans un autre tableau. Il faut croire qu'elle ne lui a toujours pas pardonné pour ce qu'il lui a fait subir de son vivant - si l'on peut appeler ça "vivant". Mais je m'égare. Pour en revenir à ton établissement, l'image que l'on en donne est loin d'être positive chez nous. Dans certaines familles de sorcier, on utilise le nom de cette école pour faire peur aux enfants et on apprend aux plus âgés que Durmstrang forme des sorciers peu fréquentables. En Grande-Bretagne, le simple mot de magie noire donne la chair de poule à certains. Cet aspect-là de la magie est tabou ; aborder le sujet ou chercher des renseignements sur cette matière est extrêmement mal vu. Concernant la bienséance, nous avons effectivement une reine mais celle-ci ne se déplace jamais jusqu'à nos portes. Elle est une Moldu tout ce qu'il y a de plus normal et je crois qu'elle ne se doute pas un instant de nos existence - contrairement au Premier Ministre qui, lui, a connaissance du monde Magique bien qu'il ne s'en mêle aucunement.

En effet, il aurait pu être intéressant d'assister à une rencontre entre nos deux établissements mais, comme je te le disais précédemment, je doute que cela soit possible. Chaque école a ses secrets à préserver et je crois que nos directeurs nous refuseront ce privilège à ces fins. Chez nous, on raconte que les mages noirs ayant étudié à Poudlard ont majoritairement été membres de la maison Serpentard. Peut-être est-ce donc cela qui motive mes camarades à vouloir rejoindre Durmstrang. L'intérêt pour la magie noire, la réputation de votre école. Nous n'avons effectivement pas de chaporouges par ici - une chance, j'ai eu l'occasion de lire quelque chose sur ces créatures pour l'un de mes cours et je préfère de loin les gnomes ou les goules qui viennent de temps à autre infester nos jardins et nos maisons. Se débarrasser de ces créatures-là est bien plus simple que de se débarrasser d'un chaporouge.

Concernant les Maraudeurs, ce n'est vraiment pas quelque chose d'intéressant alors ne soit pas trop déçue. Disons que j'ai des amis quelques peu... farceurs. En plus d'être des explorateurs chevronnés et des amis fantastiques. Il n'est pas rare que l'un de nos camarades se retrouve subitement avec des cheveux jaune canari après avoir bu un peu de jus de citrouille par exemple. Nous essayons de rendre notre quotidien un peu plus divertissant. Nous connaissons presque la carte du château par coeur tant nous l'avons exploré. En réalité, je ne saurais quoi te raconter sur nous puisque je ne trouve pas notre histoire si exceptionnelle que cela. Nous ne sommes que quatre amis qui aiment s'amuser pour faire passer le temps.

Il me tarde de recevoir ta prochaine missive,